Le Contrôle du Flux des
Petites Armes Illicites

 

Yahaya Tounkara

 

Monsieur le Président, permettez-moi tout d’abord, au nom du Gouvernement du Niger, de m’associer aux félicitations méritées qui vous ont été adressées ainsi qu’aux autres membres du bureau qui vous assistent si efficacement dans l’accomplissement de votre importante tâche.

Le Gouvernement du Niger salue l’initiative norvégienne d’organiser la présente réunion sur le contrôle du flux des petites armes illicites en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

La prestigieuse ville d’Oslo est devenue une place incontournable en matière de désarmement grâce aux efforts des autorités et du peuple norvégien.

En effet, c’est ici même à Oslo qu’en septembre 1997 à été conclu un important accord sur l’interdiction de l’utilisation, de la fabrication, du stockage et du transfert des mines antipersonnel.

Fidèle aux nobles idéaux de paix et de sécurité internationale contenus dans la charte des Nations Unies et dans la charte de l’Organisation de l’Unité Africaine, le Niger à toujours œuvré en faveur d’un désarmement général et complet.

A cet égard, il me plaît de rappeler que le Niger a signé plusieurs traités internationaux tels que:

v Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)

v Le traité d’interdiction des armes nucléaires

v La convention sur les armes chimiques

v Le traité sur la dénucléarisation de l’Afrique

v Le traité sur l’interdiction de l’utilisation, de la fabrication, du stockage et du transfert des mines antipersonnel.

Le Niger a également adhéré (voire même parraine) à toutes les résolutions de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies relatives au désarmement.

Mon pays est cosignataire de la résolution concernant le moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères présentée devant l’Assemblée Générale de l’ONU par la République du Mali.

Cet engagement du Niger en matière de désarmement se justifie par la situation dramatique de conflit armé que vit l’Afrique, situation causée par la prolifération des armes illicites.

Permettez-moi d’insister sur le cas particulier du Niger.

En effet, au Niger, la circulation des armes illicites découle de la rébellion armée vécue dans le nord et l’est du pays ainsi que des conflits internes survenus dans certains pays voisins du Niger.

Cette situation a engendré une prolifération d’armes illicites provoquant une insécurité dans les zones affectées dont les paisibles habitants paient les frais.

A titre illustratif, je m’en vais vous communiquer le bilan des actes du banditisme armé ou vols à main armée enregistrés ces deux dernières années.

v En 1996, 113 attaques à main armée ayant fait 40 personnes tuées, 83 blessées, 545 têtes de bétail volées, 18 500 000 francs CFA – 19 véhicules automobiles et divers autre objets emportés.

v En 1997, il a été enregistré 96 attaques à main armées ayant entraîné la mort de 59 personnes, 93 blessées, 1564 têtes de bétail (toutes espèces confondues) enlevées, la somme de 58 000 000 francs CFA – 15 véhicules automobiles volés et divers objets de valeur emportés.

Même si la sécurité s’installe progressivement au Niger depuis la signature de l’accord de paix du 24 avril 1995 avec la rébellion touaregue et toubous, il n’en demeure pas moins que de nombreuses petites armes illicites circulent dans les villes et campagnes de mon pays.

Monsieur le Président, Honorables délégués, Mesdames et Messieurs, convaincu que la consolidation de la paix et de la sécurité passe par la prise de mesures concrètes de désarmement, notamment la maîtrise des armes de petit calibre et des armes légères, le Niger recommande une coopération internationale en matière de lutte contre la prolifération des armes illicites.

En attendant de recevoir l’aide des pays et organisations amis, le Niger a créé une commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites (CNCCAI) dont le fonctionnement est assuré sur fonds propres.

La tâche est immense pour cette commission qui œuvre sur le terrain avec les moyens très limités.

Malgré les résultants probants qu’elle a enregistrés, elle ne pourra pas enrayer l’insécurité engendrée par la prolifération des petites armes au Niger sans l’aide accrue des puissances économiques, des organisations internationales et des ONG.

Le règlement de tout ce qui précède requiert à l’évidence une coopération étroite entre les états, les organisations internationales et les ONG qui doivent désormais prendre en compte le volet sécurité dans leur politique d’aide au développement.

Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons tous ensemble progresser vers l’édification d’un monde plus sur, un monde de paix et de progrès auquel aspirent légitimement nos peuples.

Au Niger notre credo est: «Il n’y a pas de développement sans sécurité.» C’est pourquoi nous attachons la plus grande importance à ces travaux en formulant le vœu qu’ils débouchent sur des propositions pertinentes, voire des décisions concrètes concernant le moratoire sur les armes légères ainsi que le projet de structure de sa mise en œuvre. Nous fondons à cet égard de grands espoirs qui, pensons-nous, ne seront pas déçus au terme de nos travaux.

 

Je vous remercie.